Les dimensions géographiques des séries – Saison 2

APPEL À COMMUNICATIONS

Les dimensions géographiques des séries – Saison 2

– Séance du 12 octobre 2024 –
Institut de géographie
191, rue Saint-Jacques – 75 005 – Paris

Séance coordonnée par :

 

Pierre Denmat, Doctorant en géographie, Université Paris Nanterre, LAVUE – équipe Mosaïques, Professeur de géographie en CPGE, Lycée La Bruyère, Versailles

Monica Michlin, Professeure en études américaines contemporaines, Université Paul Valéry Montpellier 3, UR 741 EMMA.

Marie-Laure Poulot, Maîtresse de Conférences en géographie, Université Paul Valéry Montpellier 3, UMR 5281 ART-Dev.


La première saison de la journée d’étude, et le numéro spécial du BAGF (Bulletin de l’Association de Géographes Français)  associé [Poulot, Denmat et Pleven 2023], ont interrogé les dimensions géographiques des séries télévisées en faisant un état des lieux des travaux existants. Le propos était d’envisager, au travers d’exemples, les représentations d’un territoire et des horizons géographiques différents, notamment à partir de séries produites dans les Suds. Cette deuxième saison de la journée d’étude ambitionne de dépasser ces premières approches par succession d’exemples, de territoires et de séries télévisées, en questionnant notamment les méthodologies et les croisements disciplinaires pour aborder les dimensions géographiques des séries.

On propose ici de se focaliser sur les espaces urbains qui sont les plus représentés dans les séries et qui sont au cœur de la plupart des travaux en géographie sur le sujet. Ce cadre d’étude nous semble pertinent pour interroger les méthodologies d’études spatiales des séries télévisées puisqu’il permet d’inclure les travaux pionniers en études urbaines sur le sujet, notamment ceux sur Baltimore et la série The Wire [Bacqué et al. 2014] et d’envisager une perspective diachronique. Dans la lignée de ces travaux fondateurs qui ont traité les formes de saisie de plusieurs sphères urbaines en fonction des saisons, comment les séries appréhendent-elles les dimensions urbaines multiples, des mondes sociaux (du travail, de l’école, des médias), mais aussi des différentes échelles de la ville, de l’ensemble métropolitain à l’échelle micro-locale (microcosmes, quartiers, bâtiment) ? Quand certaines séries donnent à voir la ville dans son ensemble, – ainsi la saison 2 de True Detective, qui, par ses plans sur les voies autoroutières, les barrières physiques de la municipalité de Vinci, ou son approche des différentes niveaux administratifs, permet de mettre en scène le séparatisme municipal et certaines de ses conséquences, de même que la fragmentation urbaine [Davis 1990 ; Bénit-Gbaffou 2005 ; Dear 2002] – d’autres se concentrent sur un quartier, voire un bâtiment. On pourra également s’interroger sur les approches multiscalaires utilisées, avec des allers-retours fréquents entre plans d’ensemble pour situer l’action et plans plus rapprochés en intérieur – sorte de hauts-lieux sans cesse (ré)utilisés – (c’est le cas dans How I Met Your Mother par exemple). D’autres séries encore s’attachent aux espaces périphériques ou aux espaces frontaliers : Bron/Broen prend pour point de départ la découverte d’un cadavre placé sur la ligne frontalière, sur le pont de l’Øresund, reliant Copenhague (Danemark) à Malmö (Suède). Nous souhaitons ainsi interroger les échelles spatiales et temporelles des séries télévisées et des mutations urbaines. Comment les tournages s’étalant sur plusieurs années dans le cadre de saisons multiples se saisissent-ils des mutations urbaines ? Dans le cas des nouvelles adaptations, des reboot ou de suites de séries plus anciennes (comme And Just Like That… (2021), suite de la série Sex and the City (1998-2004) se déroulant toujours à New York), comment les représentations d’un même territoire évoluent-elles à travers la succession de séries sur le temps long ?

Cette attention aux espaces urbains sera aussi l’occasion d’envisager des approches interdisciplinaires et de réfléchir aux apports méthodologiques croisés entre géographie et autres disciplines pour l’étude des espaces dans les séries télévisées. En effet, avec le « spatial turn » [Soja 1989], les autres disciplines des sciences humaines et sociales s’emparent de thématiques et d’approches nouvelles, étudient des objets culturels, tels que les séries, à travers le prisme de l’espace et portent une attention plus forte aux phénomènes et processus d’ordre spatial [Volvey, Stock et Calbérac 2021]. Mais dans le même temps, la géographie qui s’attache aux objets culturels – comme les séries télévisées – dans une approche culturelle, en s’intéressant aux représentations, aux imaginaires ou encore à la réception des œuvres, s’appuie sur des outils et méthodes empruntant aux autres disciplines [Guinard, 2019]. La mobilisation de méthodes propres à la géographie peut recouper certaines des méthodologies mises en œuvre pour d’autres œuvres de fiction : cinéma, roman, etc : lesquelles et avec quelles différences ? Quels sont les apports des autres disciplines – en arts, histoire [voir, par exemple, Boutet 2023], études anglophones [voir, par exemple, Coulomma et Pichard 2020 et Adjerad et al. 2023] ou en sciences de l’Information et de la communication [voir, par exemple, Combes 2015 ou Favard 2015] ou plus largement en sciences sociales [Sepulchre 2017] – pour l’étude géographique des séries télévisées ? De surcroît, puisque « “L’objet séries” reliant texte, langue, regards, gestes, images, caméra, contexte sur le temps long des saisons, semble également inviter, dans sa multimodalité même, un remodelage des lignes disciplinaires » [Cornillon, Michlin et Sorlin 2023], comment envisager des analyses transdisciplinaires ?

Nous évoquerons notamment quelques croisements susceptibles d’éclairer la thématique de cette seconde journée d’étude. Ainsi, les visual studies [Rose, 1996] se sont intéressées aux représentations des relations sociales dans les images mais aussi aux théories féministes dans le cinéma. Elles peuvent ainsi apparaître comme une méthodologie fertile pour l’analyse des séries. De même, l’approche par les paysages sonores, ou soundscapes [Schafer, 1977], au sens large peut apporter une autre lecture des séries entre l’analyse des musiques, des bruitages mais aussi des paysages linguistiques. Enfin, en s’inspirant des méthodologies développées dans les études littéraires, la narratologie des séries propose une écriture originale des espaces. L’approche par la méthodologie est une façon de faire une synthèse des différentes approches spatiales des séries télévisées afin de pouvoir constituer un champ d’étude solide, comme cela a déjà été fait dans d’autres disciplines telles que les études anglophones ou les sciences de l’information et de la communication.

En dernier lieu, nous souhaitons interroger la réception des représentations spatiales des séries. Les difficultés méthodologiques quant à la définition d’un panel d’enquêtés pour analyser la réception des séries a probablement été un des freins majeurs à ce type de travaux. Cette journée pourra être l’occasion de discuter des méthodologies à mettre en œuvre pour y parvenir. La réception des séries a déjà été interrogée dans le domaine scolaire [Garcia et Leroux 2015 ; Denmat 2021 ; Didier et Gomes 2022 ; Bunnik 2023]. Cette journée pourra être l’occasion de poursuivre la réflexion dans ce domaine mais aussi de l’élargir à toute autre étude qui aurait pu être réalisée.


Nous attendons des propositions autour des quatre axes indiqués ci-dessous, à savoir :

  • Les échelles spatiales et temporelles des sphères et mutations urbaines au prisme des séries
  • Les approches disciplinaires et interdisciplinaires de l’espace urbain dans les séries
  • Les modes de représentations des espaces urbains : approches méthodologiques
  • La réception des représentations spatiales des séries.

  Modalités de soumission :

Les propositions de communication (500 mots environ sans bibliographie) sont à envoyer accompagnées d’un titre et d’une courte présentation de l’auteur (statut, université́ ou organisme de rattachement, laboratoire de recherche …) conjointement aux adresses suivantes au plus tard le 15 Août 2024 :

pierre.denmat@gmail.com,

marie-laure.poulot@univ-montp3.fr

monica.michlin@univ-montp3.fr

Les réponses aux propositions de communications seront données à leurs auteurs au plus tard le 1er septembre 2024.

La journée se déroulera le 12 octobre 2024  

 à l’Institut de géographie à Paris, 191, rue Saint-Jacques – 75 005 Paris.

À l’issue de la journée d’étude, les textes sélectionnés seront édités dans un numéro de la revue de l’AGF, le BAGF (Bulletin de l’Association de Géographes Français). Informations disponibles sur OpenEdition Journals : URL  https://journals.openedition.org/bagf/

Bibliographie :

– Adjerad G., Bekhtari G., Crémieux A., Finch C. et Gervais L  (2023) « Queering the City : Introduction », Transatlantica [En ligne], 2 | 2023, URL : http://journals.openedition.org/transatlantica/21771

– Ambal J. et Favard F. (2023) « Espace et arène dans les séries télévisées : enjeux méthodologiques des approches narratives », Bulletin de l’association de géographes français, 100-4 | 2023, URL : http://journals.openedition.org/bagf/11642

– Bacqué MH., Flamand A., Paquet-Deyris AM., Talpin J. (dir.) (2014) The Wire. L’Amérique sur écoute, Paris, Montréal, La Découverte.

– Bénit-Gbaffou C. (2005) « Politique des transports collectifs et démocratie locale à Los Angeles : entre participation et fragmentation », Flux, 2005/2 n° 60-61, p. 6-22.

– Boutet M. (2023) Faire écran. Les réécritures de la Seconde Guerre mondiale dans les séries télévisées au temps de la guerre froide, Presses universitaires du Septentrion, 362 p.

– Bunnik B. (2023) « Utiliser la série télévisée Frontera Verde pour se représenter le territoire amazonien », Bulletin de l’association de géographes français, 100-4 | 2023, URL : http://journals.openedition.org/bagf/11748.

– Combes, C. (2015) « Du “rendez-vous télé” au binge watching : typologie des pratiques de visionnage de séries télé à l’ère numérique‪ », Études de communication, vol. 44, no. 1, 2015, pp. 97-114.

– Cornillon C., Michlin M. et Sorlin S. (2023) « Introduction : Ce que les séries ”font” aux disciplines universitaires », TV/Series [En ligne], 22 | 2023 URL : http://journals.openedition.org/tvseries/7281

– Coulouma F., Pichard A. (2020) « Introduction », Séries et espace, TV/Series [En ligne], 18 | 2020. URL : http://journals.openedition.org/tvseries/4458

– Davis M. (1991) City of Quartz, Londres, Verso.

– Dear M. J. (dir.) (2002) From Chicago to L.A., Making Sense of Urban Theory, Thousands Oaks, Sage Publications.

– Denmat, P. (2021). « Les séries télévisées ou la réécriture de la ville : regards croisés entre Johannesburg et New York ». Annales de géographie, 739/740, p. 17-37. https://doi.org/10.3917/ag.739.0017

– Didier, S. & Gomes, P. (2022) « Enseigner la controverse en urbanisme grâce à Show Me a Hero ». Espaces et sociétés 184/185, p. 201-217. https://doi.org/10.3917/esp.184.0201

– Florent F. (2015) La promesse d’un dénouement : énigmes, quêtes et voyages dans le temps dans les séries télévisées de science-fiction contemporaines. Thèse de doctorat, Université Michel de Montaigne – Bordeaux III, 2015.

– Garcia, P. & Leroux, S. (2015) ‪« Mobiliser la série The Wire en géographes : retour sur une expérience pédagogique »‪. Quaderni 88, p. 93-102. https://doi.org/10.4000/quaderni.931

– Guinard P. (2019) – Géographies culturelles : objets, concepts, méthodes, Malakoff, Armand Colin, 208 p.

– Poulot M.-L., Demnat P., Pleven B. (dir.) (2023) Numéro spécial « Dimensions géographiques des séries télévisées », Bulletin de l’association de géographes français, 2023/2. « Qu’est-ce que le « spatial turn » ? », Revue d’histoire des sciences humaines [En ligne], 30 | 2017, mis en ligne le 03 décembre 2018. URL : http://journals.openedition.org/rhsh/674

– Schafer R. (1979) Le Paysage sonore. Toute l’histoire de notre environnement sonore à travers les âges, Paris, Éditions Jean-Claude Lattès.

– Sepulchre S. (2017) Décoder les séries, De Boeck supérieur, 282 p.

Soja E. (1989) Postmodern Geographies: The Reassertion of Space in Social Theory, Londres, Verso.

– Volvey A., Stock M., Calbérac Y. (2021) « Spatial Turn, tournant spatial, tournant géographique » in Vincent Clément ; Mathis Stock; Anne Volvey (dir.), Mouvements de géographie. Une science sociale au tournant, Presses Universitaires de Rennes, Espace et Territoires.


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