Programme prochaine séance

Samedi 18 mars 2023

Villes, communs et transitions : perspectives altermétropolitaines

À une époque où les crises sanitaires, climatiques, géopolitiques, économiques et identitaires remettent en question des modèles de développement économique et urbain qui paraissaient inamovibles, l’altermétropolisation est définie comme « l’ensemble des actions et des territoires produisant de l’innovation sociale et constituant de facto une autre manière de produire et de fabriquer la ville ». Les aménagements de celle-ci étaient en effet, depuis une cinquantaine d’années, mus par des injonctions à la compétitivité, à l’attractivité, à l’innovation technologique, et portés par des logiques territoriales néolibérales et entrepreneuriales, que différents collectifs ou individus tentent d’hybrider ou de dépasser en leur proposant des alternatives sociales, urbaines, écologiques ou architecturales.
La journée d’études « Villes, communs et transition : perspectives altermétropolitaines » de l’AGF interrogera principalement deux processus constitutifs de ces mutations urbaines que l’on observe au Nord comme au Sud, dans des villes de toutes tailles : l’affirmation des communs urbains fondés sur la production d’innovations sociales et l’engagement de nombreuses villes dans des logiques et des trajectoires socio-spatiales dîtes de transitions urbaines mobilisant ces mêmes innovations sociales.
Dans les réflexions qui animeront cette journée, nous envisagerons les communs urbains comme des biens/espaces/ressources urbains appartenant à tout le monde, par opposition à des biens/espaces/ressources privés dont l’utilisation urbaine est l’exclusive de son ou de ses propriétaires, et à la différence des biens/espaces/ressources urbains restant du ressort de l’État. Ces biens/espaces/ressources urbains sont d’une très grande diversité (allant du jardin partagé au squat autogéré en passant par certains types de tiers-lieux comme les Fab Labs…), mais leur point commun est leur dimension expérientielle, issue de la volonté d’un petit groupe d’innover socialement, d’agir ensemble, différemment, en rupture avec l’économie de marché et/ou les autorités politiques en place.
Le spectre des possibilités et d’instauration de communs urbains, des échelles pratiquées par leurs initiateurs (quartiers, rues, immeubles, pièces…), la porosité de ces lieux aux frontières mouvantes, aux localisations souvent ponctuelles, aux durées de vie parfois limitées, aux membres et acteurs fluctuants, illustre la complexité des lieux altermétropolitains autant que leur diversité. Envisagés ainsi, les communs urbains s’imposent comme une autre manière de produire de la ville, une possibilité alternative d’aménager le territoire en l’hybridant de perspectives collaboratives, inclusives et non-marchandes.
À une autre échelle, plus large, celle de la cité et/ou de la métropole, et face à l’urgence du réchauffement climatique, de très nombreuses villes ont entamé de profondes transformations dans leurs politiques énergétiques et environnementales, mais également en matière sociale et citoyenne. Ce sont ces mutations à l’oeuvre que nous appellerons transitions urbaines dans cette journée d’études en conservant le pluriel du terme pour illustrer la diversité des déclinaisons de ces politiques, plus ou moins disruptives, appliquées à la ville. Les transitions ici étudiées nous permettront de mesurer le degré de transversalité des programmes urbains engagés par les collectivités, dans une démarche de durabilité, mais également par de nombreux collectifs citoyens désireux d’initier et d’expérimenter de nouveaux modes de régulation territoriale, plus collaboratifs, plus inclusifs, plus respectueux de l’environnement. Pouvant être assimilés à une forme originale d’avant-garde territoriale, ces collectifs citoyens se réapproprient la res publica (la chose publique) en fondant souvent leur démarche sur la production d’innovations sociales et l’expérimentation de pratiques urbaines alternatives. Nouveaux droits à la ville, démocratie directe, sobriété, municipalisme, communalisme, freetown, responsive cities, villes sanctuaires sont des déclinaisons de ces transitions urbaines.
En partant de l’analyse de ces différentes expériences, la journée d’étude « Villes, communs et transitions : perspectives altermétropolitaines » s’intéressera donc aux transformations sociétales, urbaines et environnementales, des villes du Nord comme celles des Sud, inhérentes aux différentes crises à l’oeuvre depuis un demi-siècle. Elle questionnera l’avènement d’un nouveau régime métropolitain incrémenté dans les précédents où les modes de régulations hybrides, citoyens et collaboratifs sont de plus en plus prégnants, tout en conservant un positionnement critique sur les impacts de ces nouveaux modes de régulation.

– PROGRAMME –


Modalités : Intervention 20 mn et 10 mn d’échanges


Présidence de séance : Edith FAGNONI
Professeure, Sorbonne Université, Présidente de l’Association de Géographes Français (AGF)


9h30 – Accueil
9h45 – Alexandre GRONDEAU
Maître de Conférences-HDR Aix-Marseille Université, Laboratoire TELEMMe, UMR 7303, Chargé de
mission Maison Méditerranéenne, des Science de l’Homme (MMSH)
Introduction : Altermétropolisation, les nouvelles productions de l’espace


10h00 – Maxime SCHIRRER
Maître de Conférences, CNAM Paris, LIRSA
Économie circulaire, mines urbaines et altermétropolisation : expérience française

10h30 – Gwenaelle DOURTHE et Alexandre GRONDEAU
Aix-Marseille Université-CNRS, laboratoire TELEMMe
Ubérisation et altermétropolisation : géographie comparée des villes de Lisbonne, Barcelone et Marseille

11h00 – François BOST et Ophélie PETIOT
Professeur à l’université de Reims Champagne-Ardenne (URCA), porteur du projet ANR « Innovation, réindustrialisation des territoires et transformation du travail » (IRETRA) ; Doctorante en géographie dans le cadre du projet IRETRA
Réindustrialisation et Transition : les enjeux d’un débat altermétropolitain

11h30 – Amel BOUTERRAA
Université́ Paris Est Sup – LIRTES
Les jardins partagés parisiens : une illustration des « communs urbains »

12h00 – Sylvie DAVIET et Sascha PELLOUX
Professeure à l’Université́ d’Aix-Marseille
Aix-Marseille Université-CNRS, laboratoire TELEMMe
« Neutralité carbone en 2030, l’alter-métropolisation suffira-t-elle ? Réflexions à partir du cas de Marseille et de l’agglomération AMPM »

12h30 – Pause déjeuner

14h – Reprise des conférences
Présidence de séance : Frédéric LERICHE
Professeur, Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines

14h00 – Sophie BOUTILLIER et Aina NDRIANJARA-ANDRIAMANANTENA
Isi.Labrii – Université du Littoral Côte d’Opale
Industrialisation, désindustrialisation, réindustrialisation : la dynamique d’une ville moyenne industrielle. Le cas de Dunkerque (Hauts de France)

14h30 – Laurence LANGER, Sylvère ANGOT et Louis OLLAGNON
Carto-Débat – Mission développement local social ville de Lyon
Retour d’expérience sur l’animation du partenariat entre la ville de Lyon et des acteurs associatifs d’éducation populaire : Maisons des Jeunes et de la Culture, Centres sociaux, Maisons de l’enfance

15h00 – Léna APARIS-JUTARD
Aix-Marseille Université-CNRS, laboratoire TELEMMe
La place de la création dans l’espace public : laboratoire artistique de pratiques altermétropolitaines

15h30 – Élodie TEXIER
Université́ de Poitiers, laboratoire RURALITES
Le centre-ville des petites villes : un modèle urbain néolibéral inadapté et remis en question par les usagers ?

16h00 – Guy BURGEL
Université Paris 10 Nanterre, Laboratoire Géographie Urbaine
Crises urbaines et altermétropolisation

16h30 – Alexandre GRONDEAU
Éléments de conclusion et horizons altermétropolitains
17h00 – Fin des travaux